Hans Ulrich Köhli, vous êtes président de l’association patronale pour les services de coursiers urbains, Swiss Messenger Logistics (SML). Qu’est-ce que SML ?

SML a vu le jour en 2016, et il s’agit d’un groupe de travail constitué de onze entreprises de coursiers à vélo coopérant toutes avec swissconnect ag depuis de nombreuses années. En coopération avec le syndicat Syndicom, nous avons élaboré la première convention collective de travail (CCT) s’appliquant aux coursiers à vélo et aux services de coursiers urbains à l’échelle européenne. Elle est entrée en vigueur le 1er mai 2019. SML représente les employeurs mais, dans la pratique, tous les membres du Comité de SML sont coursiers à vélo dans différentes villes de Suisse depuis plusieurs années. Nous connaissons donc très bien les besoins des travailleurs.

Quel est l’intérêt d’avoir une CCT pour les coursiers à vélo et les services de coursiers urbains ?

La forte pression sur les prix constatée dans le secteur de la logistique entraîne de plus en plus de difficultés sociales et favorise l’exploitation des coursiers. Étant donné qu’aucune des CCT en vigueur ne couvrait entièrement les besoins du marché du dernier kilomètre, nous avons décidé d’en créer une. Notre CCT a pour objectif principal de garantir des standards de qualité élevés et des conditions d’emploi équitables. Par ailleurs, elle promeut le développement professionnel, économique, social et écologique de la branche.

David Roth, vous êtes secrétaire général du secteur logistique au sein du syndicat Syndicom. Qu’est-ce que Syndicom ?

Syndicom est un syndicat moderne actif dans les domaines des médias et de la communication, et la moitié de nos membres travaillent dans le secteur logistique. Nous œuvrons pour des progrès technologiques socialement acceptables et nous engageons en faveur des travailleurs, pour de bonnes conditions de travail et aux fins de la sécurité et de l’équité sociales.

À qui s’adresse la CCT pour les coursiers à vélo et les services de coursiers urbains et quels avantages offre-t-elle aux membres ?

La CCT définit des normes minimales en termes de conditions de travail et améliore progressivement les conditions de travail dans le domaine logistique. L’« ubérisation » de la logistique, et son « pseudo-travail indépendant », n’offre ni prestation sociale, ni protection en cas d’accident ou de maladie, menaçant ainsi les conditions de travail des travailleurs. La CCT est un bon instrument pour s’en prémunir.

Christoph Masoner, vous avez fondé swissconnect ag en 1999. Pourquoi les conditions de travail des coursiers sont-elles importantes ?

J’ai eu l’occasion d’exercer le métier de coursier à vélo pendant plus de 15 ans à Vienne et Lucerne. Je sais donc que les coursiers méritent amplement d’avoir des conditions de travail équitables. swissconnect ag transporte des échantillons médicaux, des pièces de rechange et d’importants documents en un temps record partout en Suisse, le tout avec une qualité élevée constante et dans des délais très serrés. Or, cette performance, nous ne la devons qu’à des conditions de travail adaptées pour les coursiers.

Quelle importance revêtent les conditions de travail des coursiers aux yeux des clients de swissconnect ag ?

Depuis la création de l’entreprise il y a plus de 20 ans, la durabilité joue un rôle central pour swissconnect. Pour nous, une activité durable implique non seulement de réduire fortement les émissions de CO₂ grâce à notre système de transport unique en son genre, mais aussi de tenir compte de l’aspect social. C’est une évolution que nous ressentons de plus en plus chez nos clients également. Ils accordent beaucoup d’importance au fait que nous soyons un prestataire offrant des conditions de travail socialement acceptables. Je me réjouis que, dans ce domaine également, swissconnect fasse figure de pionnier et que nous ayons été parmi les premières entreprises à signer la première CCT pour les coursiers à vélo et les services de coursiers urbains à l’échelle européenne début 2019.